Déliandre sourit en retour et lui murmura Je le savais déjà jolie Elassa, telle la Dame d'Argent qui au travers le reflet dans l'eau apporte douceur et réassurance.. avec un regard brillant d'un étrange éclat. Alménivar était trop préoccupé pour s'y intéresser, dardant son regard ici et là comme si il venait de pénétrer en territoire dangereux. Pourtant rien n'avait l'air plus moelleux et accueillant que la salle qu'ils traversaient, tout en lumière douce et en éclats de bijoux coûteux qui aurait put faire vibrer le cœur de la voleuse.
Le seul détail dérangeant peut-être dans cet environnement serait deux ou trois jeunes femmes qui arboraient de façon flagrante un dos nu où s'alignaient les striures de coup de fouet fraichement appliqués. Au bout de ce salon, une porte avec une poignée en forme de poing. Alménivar s'arrêta un instant pour être sûr que ses protégés le suivaient avant d'ouvrir la porte qui ouvrait sur des escaliers descendant. Ils étaient bien sombre malgré les torches éternelles qui l'éclairait, tout de gris presque noir, descendant en légère courbure pendant un long moment. On y entendit l'éclat de voix bavardant, avec parfois quelques exclamations, le tintement d'armes qui s'entrechoquaient avec un cri rauque qui augmentait le brouhaha en volume.
Protecteur Deliandre avait offert le bras à Elassa, comme pour la soutenir dans ce qu'ils allaient bientôt découvrir. Pour ceux qui n'en avait pas l'habitude, cela pouvait prêter à un moment de grand stress, comme si on descendait dans l'antre des enfers. Les lumières des torches avaient été disposés avec soin afin d'éclairer le centre de l'arène violemment, laissant les spectateurs dans l'ombre et l'incognito. Alménivar visa une table vide où ils purent s'assoir. Au centre de l'arène un combat de femme : l'une était une grande femme venue du nord, avec une auréole de cheveux blonds qui dansait au rythme de ses coups et ses parades, l'autre aux teint basané portait un casque et maniait une épée courte, se protégeant des coups de son adversaire. Il y avait une certaine grâce dans le combat, une danse à la gloire des dieux de la guerre. Autour une cage qui refermait cette arène avec des barreaux aux reflets étranges, qui pouvait laisser supposer qu'elle était magique.
Enfin assise entre Déliandre et Alménivar, Elassa pouvait observer à la pâle clarté les différents spectateurs. Tous semblaient issu de famille riches, et n'étaient pas nécessairement captivés par ce jeu de dames. Il y avait ici aussi des complots, des échanges discrets et des accords secrets. Un cri arracha la jeune femme à ses observations pour découvrir que la brune avait infligé une vilaine blessure à la grande blonde. Sa souffrance était visible et elle titubait au bord de l’inconscience. Le barreaux de la cage changèrent du gris acier en pourpre pendant quelques secondes puis s'éteignirent alors que la belle tenta le tout pour le tout. Elassa fut distraite par une voix douce qui parlait à Alménivar : Cher conseiller, c'est un plaisir de vous rencontrer ici... L'homme avait un visage fin aux yeux d'un vert intense. Ses cheveux blond soigneusement coiffés et sa barbe taillé à la perfection lui donnait des allures de grand seigneur. Habillé d'une grande cape sous laquelle brillait une armure de cuir souple, avec des fermoirs d'argent, l'inconnu pour l'heure fixait Elassa d'un regard intense. Et en fort charmante compagnie ... conclut-il saluant la jeune femme d'une belle courbette. Messire de Rochefolle, voici Elassa. Elle vient découvrir les plaisirs honteux d'une classe qui s'ennuie dit Alménivar en souriant d'un air innocent. Messire de Rochefolle eut un sourire entendu alors que Alménivar continua Ce n'est pourtant pas votre lieu de plaisirs favori Messire. j'aurais plutôt imaginé vous trouver au théâtre ou encore au temple de la nymphe où la musique, la danse et les plats raffinés sont d'autant de combats de tentation Messire Rochefolle prit la chaise réservée à Siliss qui avait décidé de rester enquêter à l'étage, à espérer que son enquête n'entrainerait pas la minutieuse exploration des bijoux portés par les femmes. Rochefolle posa ses mains sur la table et dit d'une voix basse En effet cher ami, en effet. Je fréquente cet établissement avec regret. Mais il y a de ces affaires qui ne peuvent être traitées qu'en fréquentant cet endroit. Et je dois avouer être ravi de vous avoir rencontré. Je ne sais si vous êtes au courant de cette nouvelle drogue qui affecte certains citoyens, surtout dans les quartiers ouest de la porte ? Le visage d'Alménivar se fit sérieux. Il semblait être au courant. Son regard se fixa à celui de Rochefolle Et ? dit-il un peu tendu. Et bien il semblerait que cette drogue ait pour premier effet une force et une énergie quadruplée pendant quelques temps, puis, dépendant de la constitution de la personne se mue en apathie. Mais cette apathie de quelque jours est un stade intermédiaire. Le corps du drogué se transforme en une chose tout autre que humaine amenant une vague de souffrance intolérable. Mon enquête quand à un des complices qui fabriquent cette drogue me mène en ces lieux ...
_________________  Un rêve sans étoiles est un rêve oublié
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