D'abord fatiguée par l'énergie déployée dans sa rage convoquée en vue de faire pleuvoir la pierre sur les molosses, Lo-Kar s'en était rapidement remise une fois le combat terminé. Ravie d'avoir pu utiliser toutes ses forces pour faire mordre la poussière à un ennemi de taille, après s'être vantée un bon moment de ses prouesses en rigolant comme une bossue, elle souriait en cheminant à présent. Certes, l'un d'eux s'était évaporé, mais la rixe l'avait défoulée. Évidemment, elle avait hérité de la mission "transport de psionique inconsciente", aussi celle-ci ballotait-elle tel un sac de patates sur son épaule.
Guidé par les affreux encore vaillants, le petit groupe parvint donc près d'une immense porte, dans une caverne que la lithique observa sans grand intérêt, attendant simplement d'être introduite dans l'univers de leurs hôtes. Spontanément, elle se dévoua pour pousser la lourde porte et emboîta le pas aux autres, admirant le lac chatoyant, la végétation luisante et les maisons îliennes avec un grognement approbateur. Ses propres tatouages tout comme ses yeux verts semblaient irradier de la même lueur que les drôles de champignons locaux.
Elle craignit un peu de chavirer sur les planches flottantes — la montagnarde n'avait guère le pied marin, sans parler de sa masse corporelle peu favorable à la flottaison — mais tout se déroula sans accroc. Elle lorgna les embarcations avec méfiance, toutefois : ces coques de noix ne lui inspiraient guère confiance. Pourtant, elle posa un pied prudent sur celle-ci, puis l'autre, faisant dangereusement tanguer le frêle esquif... qui tint bon. Histoire de maîtriser une partie de la situation, elle attendit de voir comment s'y prenaient les autochtones puis s'empara des rames sans demander son avis à quiconque et entreprit de pagayer maladroitement, puis de mieux en mieux.
Une fois qu'ils furent à nouveau sur le plancher des vaches, ou assimilé, Lo-Kar sauta de l'embarcation et, sentant qu'ils étaient observés, observa en retour d'un air de défi les ouvertures d'où les épiaient les habitants. Son vécu lui avait appris ce que signifiait être un étranger débarquant dans une communauté soudée et fragile. Tandis que Lann leur présentait son village, elle eut une pensée pour son frère en regrettant qu'il ne soit pas là pour voir ces bizarreries dissimulées si loin sous terre. Mais cela ne devait pas être inscrit dans ses lithodermes...
— Ah, pass'qu'y en a eu beaucoup d'autres ? Ça arrive souvent ici ?Questionna-t-elle avidement, l’œil brillant, peu intéressée par la biographie de Sull mais bien davantage par la perspective de nouveaux combats épiques. Mais allons voir ton chef, ouais. Y'aura d'quoi grailler ? J'ai sal'ment les crocs, moi, avec tout ça.
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