Administratrice du Chaos |
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Inscription: Jeu 20 Sep 2007, 17:54 Messages: 9226
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 Les chamailleries se perdirent dans le vent du désert qui se mit à souffler de plus en plus fort. Des tourbillons se formaient, des masses de poussière pourpre s'élevaient haut dans le ciel. Heureusement les aventuriers étaient à l'abri de leur amas rocheux, même si dans la bouche quelques grains venaient faire grincer les dents. Le tour de garde se passa bien, même si parfois le regard s'affutait à la vue d'une ombre éphémère ou que des bruits amenés par le vent de la tempête qui hurlait sa rage glissait comme une appréhension et un tremblement hérissant les poils de la nuque.
Le lendemain l'aube se leva sur un ciel de pourpre, la tempête ne s'étant pas encore tout à fait calmée, mais suffisamment pour apercevoir les ruines. Le campement rangé, le matériel remit à sa place, les armures enfilées, tout le monde était prêt à l'exploration du monastère de la griffe du Diable. Perdue dans ses pensées Aïla avait extirpé de sa mémoire les maigres connaissances qu'elle avait d'Unther. C'est ainsi qu'elle connaissait un peu la géographie et surtout le mode de vie des habitants de cette région, les rares nantis sous le joug d'un tyran, le fait qu'il n'était pas bon d'y être esclave, surtout si on était assez costauds pour servir de chair à canon, une armée au bord de la faillite et une séparation entre le nord et le sud. Des éléments qui pourraient peut-être servir aux joutes orales qui, il faut le préciser, commençait à échauffer les oreilles de Dashki. Que cela ne tienne, ce dernier resta fidèle à sa parole, et mena le groupe sur le sentier caillouteux menant à leur destination.
La plupart des murs du monastère sont intacts, bien que quelques-unes de ses tours se soient effondrées et que des trous béants constellent la plupart des plafonds de la structure. Presque toutes les structures en bois ont pourri et la nature a commencé à reprendre ses droits sur l’intérieur du monastère. Une partie des antiques mosaïques rouges et orange demeure intacte, mais les décorations se sont fissurées et leur couleur s’est fanée là où les murs et les plafonds se sont effondrés.
La nef exposée au-delà des murs consiste en un gigantesque couloir jonché de débris, allant de minuscules pierres à d’énormes éléments de maçonnerie effondrés. La majeure partie du toit surplombant la longue promenade a disparu, mais plusieurs piliers délabrés sont encore debout. Tout au bout la zone s'élargit à droite et à gauche en petites pièces à part.
A droite, la pièce jonchée de débris abritait autrefois une chapelle et un autel de bois, mais tout fut détruit par des vandales il y a des décennies. Le plafond de cette zone est resté intact au fil des ans, contribuant à préserver un énorme bas-relief qui représente un humanoïde musculeux à la barbe pointue. Celui-ci fait des gestes vers une gigantesque montagne à l’arrière-plan et son visage exprime une inquiétude mortelle. Une statue similaire orne le mur est de cette pièce, le personnage barbu est cette fois représenté au sommet d’une colline et apparaît à un groupe de pèlerins vêtus de robes. L’être lève les mains, paumes vers l’extérieur, en signe de paix. Bien que plusieurs des visages et des membres des personnages sur le bas-relief aient été effacés par le temps ou détruits par burinage, les expressions de ces derniers vont du béat à l’horrifié. Une stèle de pierre brute, qui semble avoir été érigée après l’abandon du monastère, se dresse également à cet endroit. L’inscription qui y est gravée indique : « Un fantôme d’une présence impie a été purgé de ce lieu par D'Jaffir Al-Badiah, serviteur de Lanthandre. Que la terre lui soit légère et son âme au côté de sa douce épouse »
Quelques larges marches cérémonielles descendent jusqu’à une chapelle caverneuse dans laquelle se rassemblaient les fidèles en des temps plus heureux afin d’assister aux sermons. Surplombant l’autel écroulé, le symbole sacré de Selune, tout en argent, s’élève toujours le long du mur du nord, derrière une pellicule couleur rouille, mélange d’eau de pluie et de terre. De vieux bancs de marbre se tiennent entre les escaliers et l’autel, beaucoup sont renversés et bien plus encore sont brisés en deux morceaux ou davantage. Une large allée partage la zone des sièges, menant directement à l’autel surélevé. Ici et là, quelques fragments du tapis rouge couvrant à l’origine la longueur de l’allée résistent encore à la pourriture et à la négligence. Au-dessus du centre de la chapelle, se balançant à environ trois mètres du sol, pend une grappe de crânes de gnolls à divers stades de décomposition. Maintenus ensemble tel un macabre candélabre de ficelle et d’os, ils constituent un ornement de la taille d’un rocher pendu à des chevrons, situés à environ six mètres du niveau de l'allée.
_________________  Un rêve sans étoiles est un rêve oublié
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