Certains disent que les montagnes de l'Epine Dorsale du Monde sont balayés par de tels vents qu'un homme ne peut y avancer qu'en rampant et que la neige de ses hauteurs sont si glacées qu'elles figent le sang dans les veines de ceux qu'elle touche.
Mon nom est Kangee est je suis né sur ses montagnes.
Mon peuple est nommé Ahatanu, "ceux qui rient sous le vent" car nous avons appris à marcher contre lui.
Dès notre plus jeune âge, nous jugeons la valeur d'un homme à ses qualités de chasseurs, mais les Ahatanu ne jouent pas avec leur proie, comme le tigre des neige sournois, car un bon chasseur tue pour se vêtir et se nourrir, ni plus, ni moins. La tradition veut que lorsque nos terres sont menacées par les esprits malfaisant, il est de notre devoir de venir en aide à celle qui nous borde et nous nourrit et de chasser les Baykok, les démons qui l'agressent.
Nous tirons fierté des proies que nous ramenons et c'est de cette fierté que vient aujourd'hui mon errance.

Lorsque quinze hivers sont passé, il est coutume de trouver épouse hors du village qui nous a vu naître. Et pour ma part, je l'avais déjà trouvé bien avant cela : Kimana et moi nous sommes aimés bien trop tôt au goût de son père, Hatahito, qui voyait d'un mauvais oeil que l'orphelin que j'étais tourne autour de son précieux trésor.
"Prouve moi qui tu es, Kangee l'esseulé, et rapporte moi une proie digne que je pose mon regard dessus. Peut-être alors, pourras tu poser le tien sur ma fille...En attendant cela, ne reviens pas."

Avant sa mort, mon père me racontait que l'ours étoilé n'était pas une légende et qu'on pouvait parfois le voir sur les hauteurs éternelles, là où refusent même de s'aventurer les bêtes et là où les sages nous proscrivent d'aller.
Mon périple fut rude et le vent du Nord avait eu raison des mes chiens...pourquoi diable avaient-ils suivi leur maître, le fou qui s'enfonçait dans le blizzard à la recherche d'une créature qui n'existait pas? Pour les mêmes raisons sans doute qui poussait ce même fou à s'y rendre. Gelé jusqu'aux tréfonds de mon âme, je m'effondrais dans une congère.
Ce fut son souffle qui me réveilla. L'ours énorme se tenait au dessus de moi, portant sur son large front la marque étoilée. Délirant, je voulus me relever, mais il avait disparu. C'est poussé par la rage que je traversais le domaine des esprits. Mais l'ours s'était dispersé dans les brumes.
Un sifflement effroyable me vrilla les tympans et l'ombre d'une créature monstrueuse me survola avec un vitesse surnaturelle avant de plonger vers le village de Kimama.

Sans plus m'occuper de ma proie, je dévalais la montagne à toute allure, mais trop tard. La chose avait ravagée pratiquement tout ce qui se trouvait sur son chemin. Je trouvais mon aimée en pleurs, serrant le cadavre inerte de son père.

Le conseil des sages des cinq villages me jugea responsable du réveil du Baykok et de la menace qu'il risquait de faire peser sur nos terres.
Je perdis les droits de chasser sur nos domaines et de m'unir à l'une de nos femmes. Mes trophées furent brûlés et mon bannissement proclamé tant que la tête du Baykok n'aurait pas été ramenée et l'équilibre rétabli.
Alors seulement peut-être, pourrais je clamer la main de celle qui m'a été promise par le ciel, celle là même qui m'a promis l'attente.

La traque de la bête fut longue et m'amena bien au delà de la Frontière Sauvage, jusqu'aux rivages secoués de la Grande Mère de toutes les Eaux.
Je traversais les communautés de ceux qui vivent sous la pierre et leur grandes cités froides où ne poussent que l'ennui et le mensonge.
Mais sans nouvelle du Baykok, je désespérais un jour de revoir ma terre natale. Ce n'est que lorsque la saison chaude s'étiola que je retrouvais la trace funeste de la Bête, grâce aux décombres encore fumants d'une communauté éloignée. Lorsque j'interrogeais les survivants, l'un d'entre eux pointa une direction, loin à l'horizon, prétendant que la créature avait rejoint "les siens", dans la faune improbable d'un lieu qu'il nomma Gemmaline.
Bien sûr, il ne s'agissait que des suppositions d'un homme perturbé par les pertes qu'ils avaient pu subir, mais c'était également ma seule piste réelle.
Contre quelques peaux je parvins à collecter assez de fond pour emprunter l'un des larges kayak qui évolue sur la Grande Mère de Toutes les Eaux pour atteindre la source originelle du Mal qui nous a frappé.

Je suis Kangee l'Esseulé, ma flèche fauche le faucon en plein vol et mon pied est aussi leste que celui de la panthère des neiges.
Il ne sera pas dit que je ploierais sous le vent, d'où qu'il vienne...

Kangee est un jeune chasseur athlétique, au teint cuivré et aux pommettes prononcées. Il arbore avec fierté ses blessures de chasses et les peintures rituelles de son peuple. Ses longs cheveux noirs sont souvent constellé de plumes de corbeau, qui serait son animal totem.

Peu habitué à la civilisation urbaine, il se montre taciturne avec les étrangers et un peu déconcerté par les villes de grandes tailles.
Kangee a été élevé dans un peuple où la chasse est la importante de toute les valeurs : elle détermine la bravoure, l'intelligence et la force d'un guerrier à même de protéger les siens. Mais contrairement à d'autre, les Ahatanu se sentent investis d'un devoir sacré : celui de purifier la nature des agressions maléfiques. Cette mission est la plus grande fierté des siens et Kangee aura tendance à provoquer et chercher à détruire les monstres les plus dangereux qui soient avec un zèle confinant parfois à la folie.

Le jeune chasseur est cependant loyal et aidant, il respecte les lois de l'hospitalité et accorde peu d'importance à la fortune. En revanche, il peut se montrer extrêmement fier et susceptible...